Apprentissage
Les développements récents des neurosciences cognitives et de la psychologie ont montré l’importance de la notion de système d’apprentissage, conçu comme une composante du cerveau chez les animaux et dans l’espèce humaine. Le cerveau possède une faculté générale d’acquisition de l’information dans toutes les tâches d’apprentissage imaginables. Les conséquences de cette hypothèse sont les suivantes.
1. Il existe de nombreux mécanismes d’apprentissage spécifiques à une tâche ou à un problème, tant chez les animaux que chez les êtres humains, même si certains d’entre eux peuvent avoir des points communs
2. Il y a des processus d’apprentissage associatifs, pour lesquels les réponses apportées par les êtres vivants sont directement liées à des stimuli bien identifiés, et des processus non associatifs où les réponses à un stimulus interviennent avec le temps (chez les oiseaux et les abeilles, par exemple, pour retrouver leur chemin).
3. La présence de circuits cérébraux spécialisés reflète des adaptations à des milieux particuliers ; adaptations qui résultent des feed-back positifs de la sélection naturelle.
Si l’on s’attache aux aptitudes spécifiques du cerveau humain on peut aussi considérer qu’elles proviennent de circuits neuronaux spécialisés et non du nombre plus important de neurones contenus dans un cerveau de plus grande taille. Selon des thèses évolutives le cerveau humain s’est adapté à sa propre niche biologique, ce qui implique certaines différences prédictibles par rapport à l’organisation cérébrale des autres animaux. Après des millions d’années de sélection naturelle, l’être humain a accumulé des circuits qui lui permettent de mener à bien certains aspects spécifiques de la cognition.
Pour les neurosciences cognitives l’apprentissage est inséparable de la mémoire. Le premier désigne un processus d’acquisition d’informations nouvelles alors que la seconde concerne la persistance de l’apprentissage sous un état qui peut se manifester plus tard. L’apprentissage a donc pour conséquence la mémoire, et celle-ci peut être affectée par celui-là. L’exposition continue à des informations ou la pratique prolongée d’une tâche s’accompagnent de modifications du comportement. Ainsi il y a apprentissage quand la mémoire est renforcée par la répétition. Il n’est pas nécessaire pour cela qu’il y ait intention consciente d’apprendre. L’amélioration de la performance peut être simplement due au fait d’avoir été exposé davantage à des informations ou à une tâche.
Le problème se complique lorsque l’on se réfère aux deux grands types de mémoire que sont la mémoire déclarative explicite et la mémoire implicite procédurale.
- Les apprentissages complexes médiatisés par des représentations symboliques, les langages et les calculs, relèveraient principalement de la mémoire déclarative.
- Les apprentissages élémentaires, relatifs aux contrôles par les stimuli de l’environnement, appartiendraient à la mémoire procédurale.
Evidemment les choses ne sont pas si simples.
- D’une part la mémoire déclarative consciente ne couvre pas toutes les représentations symboliques puisqu’il a été montré qu’il existe un apprentissage implicite des concepts dans des tâches de grammaire artificielle (dans la façon de former des chaînes de lettres par exemple).
- D’autre part les apprentissages non associatifs de la mémoire procédurale inconsciente, comme la sensibilisation, (un stimulus sensoriel qui renforce votre réponse à tous les stimuli de l’environnement) peuvent faire appel à des souvenirs conscients.
Devant la complexité des processus d’apprentissage, il convient donc de se montrer prudent et de prêter attention à quelques idées utiles.
1. Se souvenir du moment où l’on a appris quelque chose relève de la mémoire épisodique. Nos connaissances ne se limitent pas à un contenu, elles englobent aussi le contexte dans lequel s’est fait l’apprentissage. Se rappeler un épisode d’apprentissage se ramène essentiellement à se rappeler les détails de temps et de lieu ainsi que l’épisode lui-même : c’est la mémoire de la source.
2. La synapse (la zone de contact et de transmission de l’information entre les neurones) pourrait être le site des mécanismes de l’apprentissage et de la mémoire. Quels que soient les espèces, l’endroit du cerveau et le type de mémoire, un grand nombre de mécanismes sous-jacents paraissent universels.
L’apprentissage et la mémoire ne peuvent être localisés dans une seule région du cerveau. On ne peut parler d’un petit nombre de cellules spécialisées ou « cellules de la mémoire », dont l’activité serait le stockage des informations liées aux expériences de la vie, sans aucun rapport avec les autres fonctions.
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